OIGNON : Ressource pour producteurs, conseillers et étudiants
La culture de l’oignon sec, jaune ou rouge, couvre la majeure partie des superficies. Les producteurs du PRISME cultivent toutefois aussi de l’oignon espagnol, de l’oignon vert (à botteler) et de l’échalote française.
Sur environ 5000 hectares cultivés en oignons au Canada, plus de 2000 hectares sont produits au Québec (Statistique Canada 2015). Selon le dernier recensement de l’agriculture en 2011, plus de 80% de la production québécoise se fait en Montérégie, concentrée dans la région des terres noires des Jardins de Napierville. En 2015, les producteurs d’oignons membres du PRISME couvrent à eux seuls plus de 779 hectares, soit près de 40% de la production québécoise.
La production annuelle québécoise d’oignons secs et espagnols est d’environ 90,000 tonnes. Les rendements commercialisables se situent aux alentours de 35 à 40 tonnes à l’hectare. Par contre dans la région dépistée par PRISME, le rendement se situe autour de 50 à 60 tonnes à l’hectare.
Selon les données de Statistique Canada sur la valeur des denrées horticoles du Québec, la valeur à la ferme de la production totale d’oignons secs est de plus de 28 millions de dollars.
Variétés
L’échalote française est généralement cultivée à partir de « cayeux » et l’oignon espagnol à partir de transplants produits en serre. Les plants sont mis en terre au début de la saison et la récolte est effectuée à la fin de l’été.
La presque totalité des oignons secs sont produits à partir de la semence. Certains producteurs produisent des oignons hâtifs à partir de transplants ou à partir de bulbes plantés au printemps (set). Cependant, à part pour des récoltes de primeur dont les prix sont intéressants, ces deux dernières pratiques sont peu populaires. Les oignons cultivés à partir de bulbes ont une forme aplatie peu appréciée par les consommateurs.
Établissement de la culture
Les champs d’oignons dépistés par le PRISME sont cultivés à partir de la semence dans environ 75% des cas. Les oignons sont semés le plus tôt possible au printemps; les premiers semis sont effectués dans les derniers jours d’avril. Les producteurs essaient de terminer leurs semis au plus tard le 15 mai. Les champs semés après cette date risquent de donner de faibles rendements ou n’atteindront pas leur maturité.
Les oignons peuvent être semés sur des buttes ou sur un sol plat. L’espacement entre les rangs varie de 46 cm (18 pouces) à 62 cm (24 pouces). La densité du semis est ajustée de façon à obtenir 35 ou 45 oignons par mètre (10 ou 13 oignons au pied) en fonction de l’espacement entre les rangs.
Lors du semis, des céréales, le plus souvent de l’orge, sont implantées entre les rangs d’oignons ou, majoritairement, à la volée. Les céréales lèvent plus rapidement que l’oignon et elles servent de brise-vent pour les jeunes plantules. Ces céréales sont détruites lorsqu’elles atteignent de cinq à six feuilles, avant le tallage.
Afin de protéger les jeunes plants contre la première génération de la mouche de l’oignon, les producteurs appliquent dans la majorité des cas un insecticide granulaire lors du semis. Plusieurs producteurs se tournent toutefois vers d’autres moyens pour limiter les dommages.
Croissance
Au Québec, le temps de croissance des variétés cultivées varie de 90 à 115 jours. L’utilisation de variétés plus tardives est risquée sous notre saison de croissance.
Le développement de l’oignon se divise en deux phases: une première phase dite végétative où la plante met en place un système foliaire qui lui permettra, dans un deuxième temps, de développer un organe reproductif, appelé le bulbe.
Le temps de levée de l’oignon est de 10 à 14 jours dépendant des conditions du sol. En début de saison, la croissance est très lente. À la mi-juin, soit 30 à 45 jours après le semis, la plante ne possède que de deux à trois feuilles.
Vers le 20 juin, certains producteurs font une application supplémentaire d’azote pour favoriser le développement foliaire. Cette application d’azote doit être effectuée avant le solstice d’été, sinon elle peut retarder la maturité de l’oignon.
Durant le mois de juillet, le développement du feuillage est rapide. Le début de la formation du bulbe se situe vers la mi-juillet.
Lorsque l’oignon arrive à maturité, le feuillage couche; les feuilles se dessèchent et le collet se ferme.
Pour une longue durée d’entreposage, l’oignon doit être mature lors de la récolte ; le feuillage doit être complètement desséché et le collet bien fermé. Lorsque ce stade n’est pas atteint, les risques de pourriture en entrepôt sont élevés.
Les variétés hâtives arrivent à maturité vers la deuxième semaine d’août alors que les tardives sont à maturité vers la fin août ou le début septembre.
Fertilisation
Les besoins en éléments minéraux de cette culture ne sont pas élevés. Cependant, les quantités de fertilisants apportées pour combler ces besoins sont importantes car la plante a un système racinaire peu développé. La profondeur d’enracinement des oignons est environ de 30 cm.
Les recommandations du CRAAQ (Guide de références en fertilisation, 2e version, 2010) pour les sols organiques sont déterminées à partir d’analyses de sols.
Pour l’azote, elles sont de 60 à 180 kg/ha dont les 2/3 à la volée et enfouis avant le semis ou la transplantation. Le dernier tiers est appliqué en bande avant la mi-juin, lorsque les plants ont environ 15 cm de hauteur.
Dans le cas du phosphore, les recommandations varient de 0 à 110 kg/ha de P2O5 pour les semis et sont de 30 kg/ha pour les transplantions. Dans le cas du potassium, elles se situent entre 40 et 280 kg/ha de K2O pour les deux modes de production.
Contrôle des mauvaises herbes
Avant le semis, les mauvaises herbes sont éliminées par le travail du sol. Une première application d’herbicide a lieu à la levée des plantules. L’herbicide utilisé est un inhibiteur de la germination. Il faut donc s’assurer que les semences d’oignons ont germé avant de l’appliquer.
Par la suite, le contrôle des mauvaises herbes se fait à l’aide de sarclages mécaniques ou par des pulvérisations de différents herbicides en fonction du stade de l’oignon et du type de mauvaises herbes à contrôler. Certains herbicides de contact provoquent des brûlures sur le feuillage des oignons. Ces blessures peuvent être importantes si les conditions d’application ne sont pas idéales. Les dernières applications doivent être effectuées au moins 56 jours avant la récolte.
Les graminées et les céréales, semées en tant que brise-vent, doivent être détruites avant que celles-ci ne commencent à taller.
Récolte
Lorsque le feuillage des oignons est couché et qu’il commence à sécher, les plants sont arrachés et andainés dans le champ. Ils restent au champ d’une à deux semaines, le temps d’atteindre leur pleine maturité. Le temps de séchage au champ varie en fonction du climat et de la durée d’entreposage prévue.
Les oignons sont par la suite récoltés et entreposés ou emballés immédiatement. Lorsque les oignons n’ont pas le temps de sécher au champ, ils séjournent dans un séchoir avant d’être entreposés.
Les oignons entreposés pour de longues périodes sont traités avec un inhibiteur de germination. Le produit utilisé est l’hydrazide maléique (ROYAL MH 60). Pour être efficace, le produit doit être appliqué avant que 50 % des oignons soient couchés et qu’il reste encore au moins cinq feuilles vertes; le collet devient mou et la dernière jeune feuille du cœur a cessé de croître.
Mouche de l’oignon
Nom latin : Delia (Hylemya) antiqua
Importance
La mouche de l’oignon est un des deux ravageurs principaux de l’oignon avec la brûlure de la feuille. Dans les champs non traités les pertes peuvent varier de 5 % à 95 % selon les saisons. Cependant, dans les champs traités, les dommages sont habituellement faibles, moins de 5 %.
Description
Les adultes sont gris pâle et mesurent de six à huit mm de long. Ils ressemblent à une mouche domestique. La larve, de couleur blanc crème, est de même longueur que l’adulte.
Elles n’ont pas de pattes. Elles ont une forme cylindrique qui se termine en pointe du côté de la tête. La pupe est de forme ovale et mesure quatre à sept mm. Elle est de couleur brun clair à brun foncé.
Cycle de vie
La mouche de l’oignon passe l’hiver sous forme de pupe. Au printemps, dès que le sol se réchauffe, les pupes se métamorphosent en adultes. Ces derniers émergent vers la fin de mai ou le début de juin. Ils vivent environ 30 jours. Pendant cette période, les femelles pondent des oeufs près de la surface du sol soit autour des plants d’oignons, soit directement au collet des plants.
Dépendant de la température, les oeufs éclosent quatre à six jours après la ponte. La larve descend dans le sol et entre dans le plant par les racines. Après environ 21 jours de croissance, elle retourne dans le sol et se transforme en pupe.
La seconde génération d’adultes émerge en juillet. Le cycle recommence et les pupes issues de cette deuxième génération sont celles qui hivernent.
Dispersion
Les oignons affectés peuvent être observés sur l’ensemble de la superficie du champ. Cependant, les dommages ont tendance à être plus nombreux près des brise-vent et dans les zones humides.
Dommages causés
Les larves de première génération sont celles qui causent le plus de dommages. Les oignons affectés fanent et meurent. À ce moment de la saison, les plantules sont petites; une larve doit se nourrir de plus d’une plantule pour compléter son développement. L’observation de plusieurs plantules fanées sur un même rang trahit la présence de larves de mouche.
Lorsque les larves de deuxième génération éclosent, les plants d’oignons sont plus gros. Ainsi, un seul bulbe peut suffire au développement de plusieurs larves. Les oignons ne meurent pas à cause de la présence des larves. Cependant, les blessures qu’elles causent sont des portes d’entrée pour des maladies qui peuvent se développer en entrepôt.
Méthodes de lutte
La mouche de l’oignon est contrôlée par l’utilisation de semences traitées à l’achat ou à l’application d’insecticide granulaire au semis. L’insecticide est placé au même endroit que la semence. Lorsque les larves descendent dans le sol pour aller rejoindre les racines, elles entrent en contact avec l’insecticide et meurent. Ainsi, l’insecticide doit être appliqué uniformément et couvrir la largeur du rang. Il est également possible de se procurer des semences enrobées d’un insecticide.
À l’avant-garde, plusieurs producteurs membres de PRISME ont adopté la technique des lâchers de mouches stériles afin de baisser les populations et de limiter les dommages.
Thrips
Le thrips est un ravageur occasionnel de l’oignon. Les populations atteignent rarement des niveaux qui nécessitent un traitement pesticide. Certaines années, aucun champ n’est traité. Cependant, si les conditions sont favorables, les pertes peuvent être importantes et justifier une ou plusieurs applications insecticides.
Description
Les thrips sont de très petits insectes, 0,5 à 2 mm, de forme linéaire. Ils sont de couleur jaune à brun clair. Il y en a aussi des noirs, mais on les observe plus rarement.
Les adultes possèdent deux paires d’ailes plumeuses. Les larves ressemblent aux adultes sauf qu’elles sont plus petites et aptères.
Cycle de vie
Les adultes et les larves hivernent dans les champs de céréales et les prairies. Ils émigrent vers les champs d’oignons lors des premières coupes de foin ou lorsque les céréales mûrissent. On observe leur présence dans les champs d’oignons vers la mi-juin.
On retrouve les thrips principalement à la base du plant d’oignon: dans la gaine ou sous les feuilles. La femelle pond ses oeufs à l’intérieur du tissu foliaire. Les oeufs éclosent 5 à 10 jours après la ponte. Les larves complètent quatre stades de développement. Les deux derniers stades larvaires se déroulent dans le sol. Dès qu’elles atteignent le stade adulte, les femelles commencent à pondre.
Le développement de l’oeuf jusqu’au stade adulte prend de 10 à 30 jours dépendant de la température. Les populations de thrips peuvent augmenter rapidement surtout lorsque les conditions météorologiques sont sèches et chaudes. Ainsi, on peut retrouver plusieurs stades de développement sur un même plant.
Dispersion
Les champs d’oignons à proximité des champs de céréales ou de prairies présentent des risques élevés d’infestation de thrips.
Au début d’une infestation, les populations de thrips sont très fortes dans certaines zones du champ alors que d’autres zones en sont exemptes. On appelle ce type de distribution une distribution par foyers. Si le producteur n’intervient pas et que les conditions sont favorables, les thrips envahissent le reste du champ à partir de ces foyers.
Dommages causés
Les dommages sont causés par les larves et les adultes. À l’aide de leur pièce buccale, les thrips râpent l’épiderme des feuilles d’oignons pour sucer la sève de la plante. Les dégâts sont toujours faits dans le sens des nervures des feuilles. Ce sont de minuscules taches vert foncé (l’épiderme est râpé), qui deviennent blanches ou argentées par la suite. Lorsqu’elles sont nombreuses, ces blessures prennent l’aspect de stries longitudinales argentées.
Ces blessures stressent les plants ce qui augmente leur sensibilité aux infections de la brûlure de la feuille et à la pourriture bactérienne.
Méthodes de lutte
Les thrips sont cachés dans la gaine de l’oignon; il est difficile de les atteindre avec un insecticide. On doit pulvériser à pression élevée et mettre au moins 350 l/ha de bouillie. Les gouttelettes doivent être petites afin de bien couvrir le feuillage. La présence de rosée facilite la pénétration du produit.
Lorsqu’il y a des périodes nuageuses et humides, les thrips sortent de la gaine des oignons. Il est alors plus facile de les atteindre.
Brûlure de la feuille
Nom latin : Botrytis squamosa
Importance
La brûlure de la feuille est la principale maladie de l’oignon. Ce champignon est présent à chaque année dans les champs d’oignons. Une évolution rapide de la maladie occasionne des pertes importantes de feuillage et réduit ainsi le rendement
Description des dommages
Les lésions ont un centre nécrotique blanc, légèrement déprimé, d’environ deux millimètres. Elles sont entourées par un halo argenté. Ce halo est caractéristique de la présence de Botrytis sur un plant d’oignon. Dès le début d’une infection, il permet de distinguer les lésions causées par Botrytis squamosa des autres blessures pouvant affecter les feuilles d’oignons telles que les brûlures d’herbicide et les blessures par le vent ou la pluie forte.
Lorsque le nombre de taches est très élevé, la maladie provoque un dépérissement (ou brûlure) de la feuille qui progresse en commençant par l’apex et qui descend vers la base. Le champ prend alors une teinte blanchâtre. Le dépérissement des feuilles survient habituellement au mois d’août lors de la formation du bulbe.
Il est parfois difficile de distinguer entre un dépérissement causé par une attaque de Botrytis et le vieillissement normal du feuillage. Des périodes de sécheresse prolongées peuvent aussi causer des symptômes très semblables. Le dépérissement provoqué par Botrytis squamosa survient toujours lorsqu’il y a présence de plusieurs lésions par feuille.
Ainsi, les attaques de ce champignon peuvent occasionner le dépérissement des feuilles et la présence de nombreuses taches foliaires, ce qui a pour conséquence une perte de surface photosynthétique.
Des études ont démontré que si on peut conserver de trois à cinq feuilles en très bonne santé, et de trois à cinq feuilles saines à plus de 50 % au moment où l’oignon couche, on conserve un potentiel élevé de rendement. Les rendements ne sont pas significativement plus élevés en conservant plus de feuillage sain.
Conditions d’infection
Le champignon survit à l’hiver, principalement sous forme de sclérotes. Il peut aussi survivre sous forme de mycélium. Les résidus de culture sont la principale source d’inoculum. Cependant, le sol peut contenir des sclérotes viables.
L’inoculum primaire est formé suite à la germination des sclérotes. Les spores, émises des sclérotes, vont infecter les feuilles d’oignon. Les spores qui servent d’inoculum pour les cycles secondaires sont produites sur le mycélium à partir des feuilles mortes ou sénescentes. Le champignon ne sporule jamais sur du tissu vivant.
La fréquence des cycles secondaires dépend de l’état phytosanitaire des plants et des conditions météorologiques telles que la température et la durée de la période de mouillure.
Les conditions météorologiques favorables aux infections secondaires sont un minimum de six heures consécutives de mouillure du feuillage et des températures inférieures à 24 °C. Des périodes de mouillure plus longues augmentent la sévérité de l’infection.
Des températures élevées et des périodes prolongées de mouillure après l’infection et le vieillissement du feuillage accélèrent le dépérissement des feuilles. Ces conditions favorisent probablement l’envahissement de la feuille par le mycélium.
De plus, la présence de feuillage mort et les blessures causées par l’application d’herbicide et par l’action du vent ou de fortes pluies facilitent le développement de la maladie.
L’importance des tissus foliaires vieillissant, comme support pour le développement des épidémies, est confirmée dans la pratique. Les infections importantes ont habituellement lieu au mois d’août. À ce moment le bulbe de l’oignon grossit; son feuillage est en moins bonne santé et les plus vieilles feuilles commencent à se dessécher.
Zones à risques
Le vent et la pluie sont les principaux facteurs de dispersion des structures infectieuses. Ainsi, les champs situés sous le vent par rapport à ceux qui contiennent un niveau d’inoculum élevé ont donc des risques de contamination élevés. Il peut s’agir de dépotoirs mais aussi de champs où le contrôle est moins efficace. Ainsi, un producteur qui contrôle moins bien le Botrytis dans un de ses champs peut nuire aux champs voisins.
Comme des périodes de mouillure prolongées favorisent le développement de la maladie, les zones à l’abri du vent sont aussi des sites propices au développement du botrytis.
Méthodes de lutte
Les applications de fongicide débutent lorsque la première feuille se dessèche, soit lorsque le plant a de quatre à cinq feuilles. Par la suite, les pulvérisations sont effectuées à intervalles plus ou moins longs dépendant des conditions météorologiques. Le nombre d’applications varie de quatre à huit par saison.
On peut diminuer l’incidence de la maladie en évitant les densités élevées de semis. Pour un espacement entre les rangs de 45 cm, la population ne devrait pas dépasser 35 oignons au mètre alors que pour des rangs espacés de 62 cm, la population maximum devrait être de 45 oignons au mètre. Une densité moins élevée favorise une circulation d’air entre les plants et par conséquent le feuillage s’assèche plus rapidement.
Une rotation avec des cultures non favorables au Botrytis permet de diminuer le nombre de sclérotes dans le sol et par le fait même de diminuer l’inoculum primaire.
L’utilisation de capteurs de spores pour mesurer la présence et la concentration aérienne du pathogène fait maintenant partie des outils utilisés par les producteurs pour mieux cibler leurs applications de fongicides.
Charbon
Nom latin : Urocystis magica
Importance
Le charbon est généralement un ravageur secondaire sous nos conditions de culture. Cependant, à l’occasion, ce champignon peut causer des pertes économiques importantes.
Description des dommages
Les premiers symptômes apparaissent sur les cotylédons ou les premières feuilles tôt après leur émergence. Ils se présentent sous forme de lésions longitudinales noires juste sous la surface des feuilles. Les feuilles des plants sévèrement affectés sont recourbées vers le sol. Les lésions sont recouvertes d’une poudre noirâtre constituée des spores du champignon.
Les oignons infectés sont rabougris et peuvent même mourir après quelques semaines. Le champignon rend les oignons beaucoup plus sensibles à l’infection par d’autres ravageurs tels que la pourriture basale fusarienne et les bactéries. Il est donc souvent une cause indirecte de mortalité.
Cycle de vie
Le champignon hiverne sous forme de spores dans le sol. Celles-ci peuvent survivre pendant plusieurs années. Il infecte les jeunes plantules avant l’émergence du cotylédon. Par la suite, il progresse d’une feuille à l’autre vers l’intérieur de la plante. Si l’infection peut être retardée jusqu’à ce que la première feuille soit mature, la progression du champignon vers l’intérieur du bulbe est arrêtée.
Les températures optimales pour la germination et la croissance du champignon varient de 13 à 22 °C. Par contre, il peut y avoir infection à des températures aussi basses que 10 °C.
La dispersion de la maladie se fait par le vent, la machinerie et l’eau. La contamination des champs se fait par des plantes (bulbes ou transplants) déjà infectées ou par du sol contaminé.
Zones à risques
Il n’y a pas vraiment de zones à risques pour ce ravageur. Cependant, les champs semés sous des conditions non favorables à une émergence rapide sont habituellement plus affectés. Les semis effectués très tôt, lorsque le sol est encore froid, sont les plus susceptibles de subir des pertes importantes.
Méthodes de lutte
Il est important d’enrober la semence avec un fongicide. L’application d’un fongicide au semis dans le sillon est aussi utilisé sur certaines fermes. Le fongicide protège la semence pendant la période qui va de la germination à l’émergence. Les oignons sont susceptibles au charbon pendant une courte période. Ainsi, des semis effectués lors de conditions favorables, qui favorisent une germination et une émergence rapide, diminuent les risques d’infection. Il faut donc éviter de semer tôt au printemps pendant les périodes froides et humides.
Mildiou de l’oignon
Nom latin : Perenospora destructor
Importance
Depuis 2003, le mildiou de l’oignon est une maladie récurrente. Ce ravageur, qu’on ne retrouvait pourtant plus dans les champs d’oignon depuis le début des années 1990, est maintenant présent à chaque année. Lorsque les conditions sont favorables à son développement, cette maladie peut être extrêmement dévastatrice.
Description des dommages
Les premiers symptômes sont visibles sur les feuilles vertes, habituellement les feuilles les plus âgées. Un feutrage violacé est observé surtout tôt le matin avec la présence de la rosée. Par la suite, les spores sont libérées et la teinte violacée est remplacée par une couleur plus grisâtre. La teinte de vert sous la sporulation est d’un vert un peu plus pâle que le restant de la feuille.
Pour les deux à quatre jours suivants, les feuilles atteintes par la maladie devienne vert pâles puis jaunâtres, pour finalement mourir. Les feuilles mortes peuvent aussi être envahies par le champignon Stemphylium botryosum dont le feutrage est noir.
Une ou deux semaines plus tard, une nouvelle feuille verte peut émerger du bulbe parmi les feuilles mortes. Le col reste tendre ce qui peut causer des maladies au moment de l’entreposage.
Tout comme pour la brûlure de la feuille, le dépérissement des feuilles ont comme conséquence une perte de surface photosynthétique. Une infection sévère peut donc occasionner une diminution de rendements.
Conditions d’infection
Les repousses et les résidus de culture de l’oignon sont les principales sources d’inoculum en début de saison. Quelques spores sont requises pour amorcer une épidémie dans un champ d’oignon. Suite à l’infection, le champignon envahit la feuilles verte, saine, jusqu’au moment où il va sporuler. Un nouveau cycle de sporulation peut survenir à tous les 10 à 16 jours. Chaque cycle cause des dommages plus sévères. Si les conditions climatiques sont propices au développement de la maladie, la majorité du feuillage peut être détruit après quatre à cinq cycles de sporulation, soit après 34 à 45 jours.
Le champignon sporule entre minuit et le lever du soleil. Pour produire des spores durant la nuit, des conditions de températures et d’humidité relative bien précises doivent être obtenues. Le jour précédent la sporulation, la température moyenne doit être inférieure à 24 ºC entre 8h le matin et 8h le soir. Par la suite, la température de la nuit doit être entre 4 et 24 ºC (optimum 13 °C) et avoir une humidité relative de 95% entre minuit et le lever du soleil. Finalement il ne doit pas pleuvoir après 1h du matin. Si la température de la nuit est trop chaude et que l’humidité relative n’est pas constante ou est trop courte, la sporulation sera empêchée.
Les spore sont matures au lever du soleil et sont libérées durant la matinée lorsque l’humidité relative diminue. Par la suite lorsque les spores infectent une feuille d’oignon, généralement la première ou la deuxième nuit après leur libération, trois à six heures sont nécessaire pour qu’elles germent lorsqu’il y a de la rosée. La température appropriée est de 1 à 28 ºC ayant pour optimum 7 à 16 ºC pour la germination des spores.
Zones à risques
Le vent est le principal facteur de dispersion des structures infectieuses. Ainsi, les champs situés sous le vent par rapport à ceux qui contiennent un niveau d’inoculum élevé ont donc des risques de contamination élevés.
Puisque la rosée est importante pour la germination des spores, les zones moins bien aérées, où le feuillage s’assèche lentement sont aussi des sites propices au développement du mildiou de l’oignon.
Méthodes de lutte
Les applications de certaines fongicides pour le contrôle de la brûlure de la feuille (Botrytis squamosa) protègent aussi les oignons contre le mildiou de l’oignon. L’étiquette du produit doit être vérifiées car quelques fongicides utilisés individuellement ne protège pas contre le mildiou.
On peut diminuer l’incidence de la maladie en évitant les densités élevées de semis. Pour un espacement entre les rangs de 45 cm, la population ne devrait pas dépasser 35 oignons au mètre alors que pour des rangs espacés de 62 cm, la population maximum devrait être de 45 oignons au mètre. Une densité moins élevée favorise une circulation d’air entre les plants et par conséquent le feuillage s’assèche plus rapidement.
Comme dans le cas du Botrytis, l’utilisation de capteurs de spores pour mesurer la présence et la concentration aérienne du pathogène fait maintenant partie des outils utilisés par les producteurs pour mieux cibler leurs applications de fongicides.
Pourriture basale fusarienne
Nom latin : Fusarium oxysporum f. sp. cepae
Importance
Cette maladie fongique est universellement répandue. Cependant, les pertes qu’elle cause sont très variables. Au Québec, Fusarium oxysporum f. sp. cepaeest souvent un ravageur secondaire.
Description des dommages
Les premiers symptômes de la maladie sont un jaunissement et un dépérissement des vieilles feuilles qui commence par la pointe et progresse vers la base. Éventuellement, les plants affectés flétrissent.
La pourriture commence au niveau du plateau racinaire et se propage vers le haut du bulbe. Elle provoque une pourriture de consistance ferme et de couleur brun rosé qui peut se recouvrir, par la suite, d’un mycélium blanchâtre.
Conditions d’infection
Le champignon responsable de la pourriture basale fusarienne est un champignon terricole. Il peut survivre pendant de longues périodes sous forme de chlamydospores ou agir en saprophyte sur les déchets de culture.
La maladie peut attaquer les plants à n’importe quel stade. Elle peut pénétrer les tissus sains. Cependant, l’importance de la maladie augmente lorsqu’il y a des blessures aux racines, au plateau racinaire ou au bulbe.
Des températures supérieures à 15 °C favorisent le développement de la maladie. La température optimum se situe entre 25 et 28 °C. Un sol très humide augmente l’incidence de la maladie.
La pourriture basale fusarienne ne se propage pas en entrepôt. Par contre, les bulbes infectés continuent de pourrir.
Zones à risques
La pourriture basale se retrouve principalement dans les zones mal drainées et dans les baissières. Elle est aussi souvent associée aux blessures causées par la deuxième génération de la mouche de l’oignon. Les zones qui ont un historique de pertes causées par le Fusarium oxysporum f. sp. cepae sont aussi plus susceptibles d’être affectées.
Méthodes de lutte
Les pertes peuvent être diminuées par une rotation de culture de plus de trois ans avec des plantes non susceptibles telles que la carotte, la laitue, la betterave et l’épinard, et par l’utilisation de cultivars résistants.
Pourriture blanche
Nom latin : Sclerotium cepivorum
Importance
Cette maladie fongique est un des ravageurs les plus importants et les plus répandus du genre Allium. Au Québec, on le considère comme un ravageur secondaire quoique des producteurs subissent des pertes importantes certaines saisons.
Description des dommages
Les premiers symptômes sont la formation d’un mycélium blanc cotonneux au niveau du plateau racinaire qui s’étend à la base du bulbe. Le champignon envahit le bulbe et remonte jusqu’aux feuilles. Les parties atteintes sont recouvertes par un épais mycélium blanc. Des petits sclérotes noirs se forment sur le tissu mort. Les vieilles feuilles deviennent flasques et dépérissent.
Les plants affectés sont regroupés dans le champ. Ils peuvent former des zones plus ou moins grandes de quelques plants à plusieurs dizaines.
La maladie peut apparaître dès juin lorsque le climat est favorable. Cependant, les premiers symptômes sont généralement visibles au mois d’août.
Conditions d’infection
La pourriture blanche survit dans le sol à l’état de sclérotes. Ces derniers peuvent rester dormants pendant plusieurs années. Ils ne germent qu’en présence d’une plante du genre Allium (oignon, poireau, ail, etc.). La germination des sclérotes est provoquée par des substances libérées par les racines de ces plantes.
Les conditions qui favorisent la germination des sclérotes sont des températures de sol qui varient de 9 à 24 °C, l’optimum se situant à 16-18 °C, et un taux d’humidité optimal pour la croissance des racines (-30 cbar). Le mycélium croît à des températures qui varient de 5 à 27 °C. Cette croissance arrête lorsque la température du sol excède 27 °C pendant quelques heures.
La dispersion de la pourriture blanche se fait à l’aide des sclérotes. Ils sont transportés principalement par la machinerie avec du sol contaminé et sur des bulbes ou des semences infectées.
En entrepôt, lorsque les oignons sont secs, la pourriture blanche ne se transmet pas d’un oignon à l’autre. Par contre, les bulbes déjà infectés continuent à pourrir.
Zones à risques
Les champs à risques sont ceux où on a déjà observé ultérieurement la présence de pourriture blanche. Plus les infestations précédentes ont été sévères, plus le risque d’observer la maladie est élevé.
Méthodes de lutte
Il est difficile de lutter contre cette maladie, une fois qu’elle a envahi un champ. La meilleure méthode de contrôle demeure une rotation de quatre à cinq ans sans plantes du genre Allium. Cependant, certains sclérotes demeurent viables même après plusieurs années.
Plusieurs autres méthodes de contrôle ont été expérimentées avec plus ou moins de succès. Parmi celles-ci on retrouve la solarisation, la fumigation, l’inondation des champs infestés et l’utilisation de produits stimulant la germination des sclérotes en l’absence d’hôtes.
Tache pourpre
Nom latin : Alternaria porri
Importance
La tache pourpre est un ravageur qui a peu d’impact économique au Québec. Cependant, ce champignon est presque toujours présent dans les champs d’oignons.
Description des dommages
Les premiers symptômes sont habituellement visibles vers la fin juillet ou le début d’août. Ils apparaissent sur les feuilles sous forme de petites lésions (deux à trois cm) imbibées d’eau et pourvues d’un centre blanc. Lorsque les lésions se développent, elles prennent l’aspect d’une série de cercles concentriques, de couleur pourpre, entourée d’une zone jaunâtre.
Si les conditions sont favorables, les lésions s’étendent et peuvent faire mourir la feuille. Les lésions se couvrent alors des fructifications, brunes à noires, du champignon. Les lésions peuvent aussi être envahies par le champignonStemphylium vesicarum dont les fructifications sont noires.
Tout comme pour la brûlure de la feuille, les taches et le dépérissement des feuilles ont comme conséquence une perte de surface photosynthétique. Une infection sévère peut donc occasionner une diminution de rendements. Cependant, sous nos conditions, la tache pourpre est rarement la cause de pertes de rendements.
Conditions d’infection
Le mycélium du champignon survit sur des débris de culture déjà infectés. La maladie pourrait aussi provenir de la semence quoique cette source d’inoculum soit contestée.
Lorsque les conditions sont favorables, le champignon produit des spores sur les débris de culture. Ces spores sont la source d’inoculum primaire. Les conditions climatiques pour la formation des organes de reproduction, les conidies, sont des températures de 6 à 34 °C avec un optimum à 25 °C et des durées de mouillure du feuillage supérieures à 12 heures.
La sporulation se produit la nuit lorsque l’humidité relative est supérieure à 90 %. La diminution de l’humidité relative, au lever du soleil, provoque la libération des spores dans l’atmosphère.
Zones à risques
Les spores sont transportées par le vent. Les vieilles feuilles sont beaucoup plus sensibles à l’infection par le champignon. De plus, la maladie apparaît le plus souvent sur des blessures mécaniques ou chimiques (herbicides). On pense que les plants infestés de thrips seraient aussi plus susceptibles aux infections.
Méthodes de lutte
Les pulvérisations effectuées contre Botrytis contrôlent efficacement la tache pourpre. Les mêmes fongicides utilisés sont efficaces contre ces deux champignons.
RAVAGEURS ET PROBLÈMES PHYSIOLOGIQUES DE L’OIGNON
Cette section présente les huit ravageurs qui affectent habituellement les oignons.
Il s’agit de deux insectes: la mouche de l’oignon et le thrips, et de six maladies: la brûlure de la feuille, la tache pourpre, la pourriture basale, la pourriture blanche, le charbon et la pourriture bactérienne.
Les cinq premières maladies sont causées par des champignons. La dernière maladie est causée par une bactérie.
Tableau présentant les caractéristiques des insectes ravageurs de l’oignon. | |||
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Insectes | Période de présence de la génération dommageable | Stade dépisté | Zones à risques |
Mouche de l’oignon | Juin | Larves | – proximité des brise-vent – présence de zones humides |
Thrips | Mi-juin à fin août | Adultes et larves | – proximité de céréales ou de prairies |
Tableau présentant les caractéristiques des maladies de l’oignon | |||
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Maladies | Période d’apparition des symptômes | Dommages observés | Zones à risques |
Botrytis | Mi-juin | Stade 4 à 5 feuilles | – lésions avec un centre blanc, entourées d’un halo argenté |
Tache pourpre | Fin juillet | – série de cercles concentriques, de couleur pourpre | – champs endommagés par l’application d’herbicides ou par le passage de la machinerie |
Pourriture basale fusarienne | toute la saison | – jaunissement et dépérissement des vieilles feuilles qui commence par la pointe et progresse vers la base | – zones mal drainées |
Pourriture blanche | Juin | – mycélium blanc cotonneux au niveau du plateau racinaire qui s’étend à la base du bulbe | – champs ayant été infestés les années précédentes. |
Charbon | Dès l’émergence | – cotylédons ou les premières feuilles | -semis sous des conditions non favorables, particulièrement sur sol froid. |
Mildiou de l’oignon | Sur plantules mais habituellement vers la mi-juillet | – lésions vertes pâles recouvertes par une sporulation gris-violacé. | – zones à l’abri du vent |