CAROTTE : Ressource pour producteurs, conseillers et étudiants
Sur environ 7600 hectares cultivés en carottes au Canada, près de 3000 hectares sont produits au Québec (Statistique Canada 2015). Selon le dernier recensement de l’agriculture en 2011, plus de 60% de la production québécoise se fait en Montérégie, concentrée dans la région des terres noires des Jardins de Napierville. En 2015, les producteurs de carottes membres du PRISME couvrent plus de 440 hectares, soit environ 16% de la production québécoise.
La production annuelle québécoise de carottes est d’environ 100,000 tonnes métriques. Les rendements commercialisables sont de 93,000 tonnes, se situent aux alentours de 35 tonnes à l’hectare. Selon les données de Statistique Canada sur la valeur des denrées horticoles du Québec, la valeur à la ferme de la production totale de carottes est de plus de 40 millions de dollars.
Le marché frais accapare plus de 90 % de la production totale québécoise. Il se cultive aussi de la carotte de couleur, de la carotte pour le marché de la transformation et de la mini-carotte.
Variétés
Les différents types de carottes se distinguent par l’aspect physique de la racine. La mini-carotte est, comme son nom l’indique, plus petite; elle mesure 8 à 10 cm de long. Les variétés de mini-carottes ont été sélectionnées à partir de carottes nantaises. Les carottes pour la transformation ont la particularité d’avoir une couleur interne uniforme. Elles ont une forme trapue et le diamètre de leur collet atteint six cm et plus.
Établissement de la culture
La plupart des producteurs utilisent de la semence enrobée ou pelliculée. La carotte exige un sol bien drainé en profondeur. Le travail du sol a pour but de l’ameublir profondément.
Cette culture est généralement semée sur des buttes. L’espacement entre les rangs varie de 60 cm (24 pouces) à 75 cm (30 pouces). La densité du semis sur le rang est très variable. Des semis moins denses permettent d’avoir des carottes plus hâtives ou plus grosses.
Lors du semis, des céréales, le plus souvent de l’orge, sont implantées entre les rangs de carottes ou plus généralement, à la volée. Les céréales lèvent plus rapidement. Elles protègent du vent les jeunes plantules de carottes.
Les semis s’effectuent de la fin avril à la mi-juillet. Le temps d’émergence est de sept à dix jours sous des conditions idéales. En début de saison, lorsque le sol est froid, il est de 20 jours et plus.
Croissance
Tel que mentionné précédemment, le temps d’émergence des carottes varie entre 7 et 20 jours. Par la suite, la vitesse de croissance dépend de la température. La période entre l’émergence et le stade cinq feuilles est très importante. C’est à ce moment que la plante développe sa racine principale. Durant cette période, la racine principale n’est qu’un mince fil et est très sensible aux différents stress. De forts vents, des excès d’eau, le passage de machineries lourdes près du rang peuvent l’endommager. Elle cesse alors de se développer et les racines secondaires peuvent prendre la relève. Ceci a pour conséquence de former des carottes courtes ou fourchues.
Fertilisation
Cette culture a besoin de peu d’azote et de beaucoup de potassium. Le Centre de références en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ 2010, 2e version) recommande les apports de fertilisants en fonction des analyses de sol.
La recommandation pour l’azote est de 0 à 75 kg/ha d’azote en pré-semis pour des carottes cultivées en sol organique et de 80 unités en sol minéral.
Pour le phosphore, les recommandations sont de 0 à 110 kg/ha de P2O5 en sol organique et de 30 à 170 kg/ha en sol minéral. Dans le cas du potassium, elles varient de 85 à 320 kg/ha de K2O en sol organique et de 30 à 225 kg/ha pour les sols minéraux.
Contrôle des mauvaises herbes
Le contrôle des mauvaises herbes est une partie importante de la régie de toutes cultures. Dans le cas de la carotte, les mauvaises herbes, en plus de compétitionner la culture, nuisent lors de la récolte.
Le contrôle des mauvaises herbes à feuilles larges repose en grande partie sur l’AFOLAN ou le LOROX (linuron). Une première application peut être effectuée en pré-levée. Elle est suivie d’une deuxième application lorsque les plants ont de trois à quatre feuilles. Cet herbicide cause un stress aux carottes: leur croissance diminue pour quelques jours et il peut y avoir un jaunissement des feuilles. Certains producteurs utilisent du GÉSAGARD (prométryne) à la place du linuron ou en rotation avec ce dernier.
Les céréales semées comme brise-vent et les mauvaises herbes de la famille des graminées sont détruites par un herbicide anti-graminée, généralement le Venture.
Récolte
Les carottes ne doivent pas atteindre un stade précis pour être récoltées. Elles peuvent l’être dès qu’elles ont atteint une taille adéquate pour leur commercialisation.
La récolte est entièrement mécanique sauf pour les carottes vendues en bottes. Les carottes sont tirées du sol par le feuillage. Il est donc important qu’elles aient un feuillage abondant et sain. Les récoltes s’étalent de la fin juillet à la fin octobre et parfois même jusqu’en novembre.
Charançon de la carotte
Nom latin : Listronotus oregonensis (LeConte, 1857)
Nom anglais : Carrot weevil
Charançon de la carotte – adulte | Charançon de la carotte – larve |
Photo du charançon | ![]() Piège à charançon |
Importance
Le charançon est un des principaux ravageurs de la carotte au Québec avec le nématode des nodosités et la brûlure cercosporéenne. Dans des champs non traités, il peut causer jusqu’à 40 % de dommage.
Les pertes économiques les plus importantes se situent au niveau des coûts d’emballage. Lorsque les dommages sont supérieurs à 4 %, l’augmentation de ces coûts peut représenter environ 20 % du prix moyen obtenu sur le marché.
Description
L’adulte du charançon de la carotte est un petit coléoptère muni d’un rostre. Il est de couleur brun foncé et mesure environ six millimètres de long. L’adulte vole très peu. La larve est de couleur blanc crème avec la tête rouge brun. Cette larve est apode.
Cycle de vie
L’adulte hiverne dans le sol, dans les mauvaises herbes des champs et des fossés, et dans les résidus de culture. Dans la région du sud de Montréal, la première génération devient active en mai lorsque les journées se réchauffent. À partir de ce moment, les charançons envahissent progressivement les champs.
Vers la fin de mai et le début de juin, la femelle est prête à pondre ses œufs. Elle creuse une cavité au collet des jeunes plants ou sur les pétioles des premières feuilles et y dépose ses œufs. Elle pond de deux à trois œufs par cavité. Une femelle peut pondre jusqu’à 200 œufs.
Il s’écoule d’une à deux semaines de la ponte à l’éclosion. La larve tombe au sol ou entre directement au collet de la carotte. Un petit trou de couleur rouille est l’indice de sa présence. Après s’être nourrie, durant au moins trois semaines, elle se métamorphose en nymphe dans le sol. Une à deux semaines plus tard, l’adulte d’automne émerge.
Cet adulte d’automne hiverne généralement, sans causer de dommages aux racines de carotte, et recommence son cycle le printemps suivant. Toutefois, il est de plus en plus fréquent lors des dernières années d’observer des dommages dus à cette deuxième génération, dans les cas où elle a le temps de faire son cycle avant la récolte ou avant les températures trop froides.
Dispersion
L’adulte survit principalement dans les fossés, dans les champs sur les carottes non récoltées et sur les déchets de carottes. Comme l’adulte ne vole pas ou très peu et qu’il se déplace sur de courtes distances en marchant, c’est dans les endroits cités précédemment qu’on a le plus de chance de le retrouver.
Ainsi, les dégâts sont habituellement circonscrits dans les champs. Les rangs près des fossés sont plus susceptibles d’être affectés. Les champs cultivés régulièrement en carottes et ceux ayant eu des dommages l’année précédente sont plus à risques.
Dommages causés
Les dommages sont causés aux racines des plants. Au moment de l’éclosion, la larve tombe au sol et va rejoindre la racine ou elle pénètre directement par le collet. En se nourrissant de la racine, la larve creuse un petit tunnel. Certains jeunes plants vont mourir mais d’autres continuent de croître.
Au mois d’août, les tunnels deviennent facilement visibles. On les retrouve dans le tiers supérieur de la carotte.
Méthodes de lutte
La méthode de lutte la plus efficace demeure l’application d’insecticide. La première pulvérisation s’effectue lorsque la carotte a trois feuilles. Avant ce stade, les pétioles des feuilles ne sont pas assez gros pour supporter la ponte du charançon. Lorsque cela est nécessaire, une deuxième application d’insecticide a lieu environ 10 jours plus tard. Le charançon de la carotte étant un insecte nocturne, les traitements insecticides doivent être effectués le soir lorsque le soleil est couché ou le matin très tôt.
Parmi les autres méthodes de lutte, la rotation avec des cultures non attirantes est la plus efficace. Un champ semé en carotte pendant plus de deux années consécutives présente des risques de dommages élevés; une rotation annuelle diminue les risques de perte.
Il faut éviter de cultiver des carottes dans un champ ou une partie d’un champ où les carottes n’ont pas été récoltées ainsi que dans les champs où des dommages importants ont été observés au cours des saisons précédentes. L’entretien des fossés diminue le taux de survie des adultes à l’hiver. Dans les champs à risques, il est préférable de semer le plus tardivement possible. Ainsi, lorsque la carotte atteint le stade trois feuilles, la majorité des charançons ont déjà terminé leur ponte.
Il existe un produit à base de nématodes entomophages pour contrôler le charançon. Cependant, ce produit est très dispendieux et son efficacité est dépendante des conditions météorologiques et des conditions du sol.
Mouche de la carotte
Nom latin : Psila rosae (Fabricius, 1794)
Nom anglais : Carrot rust fly
Mouche de la carotte – adulte
| Mouche de la carotte – larve |
La mouche de la carotte est un ravageur secondaire dans la région du sud de Montréal. Elle s’attaque aux plantes de la famille des ombellifères telles que la carotte, la carotte sauvage et le panais. Les dommages de mouche sont sporadiques et circonscrits dans des environnements particuliers. Nous verrons lesquels dans la section dispersion.
Description
L’adulte est une petite mouche d’un noir brillant qui mesure environ quatre à cinq millimètres de long. Elle a la tête rouge brun et de longues pattes jaunes. L’asticot est dépourvu de patte et sa tête n’est pas apparente. Il est de couleur blanchâtre.
Cycle de vie
L’insecte complète deux cycles par année. La deuxième génération est la principale cause de dommages aux plants.
La mouche hiverne au stade de pupe. L’adulte de première génération émerge à la fin du mois de mai. La femelle est attirée par la couleur jaune et par la couleur du feuillage de la plante hôte. Elle est plus active une à six heures avant le coucher du soleil.
Elle dépose de petits oeufs blancs près des jeunes plants, dans des endroits humides et dans les fentes du sol. Chacune pond de 80 à 100 oeufs. Les oeufs éclosent 6 à 12 jours après la ponte. Les jeunes larves (asticots) pénètrent dans le sol à la recherche d’humidité. Elles sont aussi attirées par le CO2 dégagé par les racines. À la fin de leur croissance, les larves cherchent un lieu humide pour se métamorphoser en pupe, celle-ci peut être située à une profondeur de 10 cm et plus.
La seconde génération d’adultes envahit les champs de carottes quand le total de degrés-jours, base 3°C, accumulé à partir du début avril est près de 1600°. Le cycle est le même. La ponte s’effectue généralement dans les premières semaines de septembre. Les larves n’atteignent pas les racines principales avant le mois d’octobre. Ainsi, des récoltes faites avant le début octobre sont exemptes de dommages, même si la mouche est présente.
Dispersion
La mouche vole par temps calme (vitesse du vent inférieure à 16 km/heure). Les dommages ont donc tendance à être concentrés près des zones abritées du vent. En début de saison, elle se reproduit généralement sur des plantes hôtes situées en bordures des champs. Ces plantes appartiennent à la famille des ombellifères comme la carotte et le panais sauvage. Lorsque ces plantes sont présentes près d’un champ de carottes, les risques de dommages causés par la mouche sont plus élevés.
Dommages causés
Les dommages sont causés aux racines des plants. Après s’être nourries de radicelles, les larves pénètrent dans la racine principale et y creusent des galeries, soit en surface, soit en profondeur, presque toujours dans les deux tiers inférieurs des carottes. Lorsqu’une carotte ne suffit pas pour compléter leur développement, elles peuvent s’attaquer aux voisines.
Les dommages causés par la mouche ressemblent à ceux du charançon. Dans les deux cas, c’est la larve qui cause les dommages à la racine. Ces dommages se situent principalement dans la partie inférieure de la carotte alors que ceux du charançon se retrouvent dans la partie supérieure. Les tunnels creusés par la mouche sont plus étroits que ceux causés par le charançon.
Méthodes de lutte
Les méthodes de lutte consistent à :
– éviter de semer des carottes tardives dans les zones à risques élevés comme les endroits abrités, humides ou à proximité de panais et de carottes sauvages;
– éviter de semer aux endroits où des dommages ont été observés l’année précédente, puisque les pupes ont hiverné dans le sol et sont prêtes à se nourrir de nouveau de la culture;
– récolter en septembre les champs à risques élevés pour réduire les pertes à un minimum acceptable.
Dans la région au sud de Montréal, les dommages affectent surtout les champs récoltés après le 1er octobre. Avant cette date, la larve de deuxième génération n’a pas eu le temps d’atteindre la racine principale.
Les pulvérisations insecticides sont peu efficaces contre les insectes qui sont de bons voiliers et qui se reproduisent dans les mauvaises herbes et les champs abandonnés; les champs sont constamment réinfectés. Il faut donc traiter fréquemment à des intervalles rapprochés.
Nématode des nodosités des racines
Nom latin : Meloidogyne hapla
Nom anglais : Root knot nematode
Importance
Le nématode des nodosités des racines est un ravageur très important des carottes. On le retrouve partout au Québec. Il parasite les racines de plusieurs plantes maraîchères telles que la tomate, la pomme de terre, la carotte, la laitue.
Les pertes causées par ce nématode peuvent atteindre 80 % à 100 % dans les champs sévèrement infestés. Habituellement, elles sont localisées. Certaines parties du champ peuvent être complètement perdues alors que d’autres sont peu affectées.
Description
Le nématode des nodosités est un petit ver incolore qui mesure environ 0,5 mm de long. Il est donc invisible à l’oeil nu.
Cycle de vie
Le nématode des nodosités hiverne dans le sol sous forme d’œufs ou de larves. Au printemps, dès que le sol atteint 10 °C, la larve commence à se nourrir de racines. Elle pénètre d’abord par les radicelles. À l’intérieur des radicelles, elle provoque l’élargissement des cellules, d’où la formation de nodules sur les racines. Les premiers nodules sont visibles vers la fin juillet.
C’est à l’intérieur des nodules que se retrouve la femelle. Chaque femelle pond de 200à 1 000 oeufs, lesquels sont déposés dans une masse gélatineuse le plus souvent à la surface des racines.
Le temps nécessaire pour compléter le cycle vital est de 30 à 90 jours, selon la température et la plante-hôte. Sous nos conditions, le nématode peut effectuer deux cycles par saison. Le premier cycle prend environ 90 jours. La deuxième génération ne prend que de 30 à 45 jours pour compléter son cycle.
Dispersion
Les nématodes se retrouvent le plus souvent par zones de formes irrégulières dans les champs. Les zones sont de grandeurs variables, allant de quelques mètres à plusieurs dizaines de mètres.
Le nématode se déplace par lui-même sur de très courte distance. Sa dissémination dans un champ ou d’un champ à l’autre s’effectue par les producteurs lors des opérations de travail du sol.
Il est rare qu’un champ ait des pertes énormes lors d’une saison sans qu’il n’y ait eu présence de symptômes les années précédentes. Ainsi, on peut identifier les champs ou les parties de champs qui présentent des risques de pertes élevées.
Dommages causés
Le nématode des nodosités s’attaque aux racines des plantes. Les dommages causés aux racines réduisent l’absorption de l’eau et des éléments nutritifs. Ainsi, les symptômes sur le feuillage sont semblables à ceux engendrés par un système racinaire peu développé. Ils se présentent sous forme d’un rabougrissement, d’un jaunissement et d’un développement inégal du feuillage.
Étant donné que le nématode entrave le développement normal des racines, celles-ci deviennent fourchues ou très courtes. Il y a formation de nodules principalement sur les racines secondaires.
Méthodes de lutte
La méthode de lutte la plus pratiquée est l’application d’un nématicide. Cependant, ces produits sont très dispendieux et leur efficacité dépend des conditions du sol lors du traitement. Les traitements ont lieu au printemps ou à l’automne. Le sol doit être assez réchauffé (10 °C) pour que les nématodes soit actifs. Il doit avoir un taux d’humidité adéquat: pas trop humide sinon le produit ne se diffuse pas bien, ni trop sec sinon le produit, qui est volatil, s’échappe sans affecter les nématodes.
Parmi les techniques disponibles pour réduire les populations du nématode des nodosités, les rotations demeurent l’outil le plus efficace. Les plantes recommandées sont les céréales et les plantes à cycle de production court telles que l’épinard, le radis et la laitue produite à partir de transplants. On doit cependant herser cette dernière pour activer la décomposition des résidus aussitôt la récolte terminée. On doit éviter de semer la laitue car la durée de croissance permet alors aux nématodes de compléter leur cycle.
Le nématode des nodosités ne pouvant pas se nourrir sur les graminées, les céréales demeurent la culture à privilégier dans la rotation.
Brûlure alternarienne de la carotte
Nom latin : Alternaria dauci (J.G. Kühn) J.W. Groves & Skolko
Nom anglais : Alternaria leaf blight
Importance
La brûlure alternarienne est un ravageur occasionnel au Québec. Elle est rarement présente dans les champs. Cependant, certaines années, il peut arriver qu’elle cause des pertes en fin de saison.
Description des dommages
Cette maladie affecte le feuillage des plants. Le champignon s’attaque principalement aux feuilles plus âgées.
Les taches apparaissent d’abord sur le pourtour des folioles qu’elles envahissent progressivement. Elles sont brun sombre à noires et auréolées de jaune. Le feuillage desséché donne aux plants un aspect brûlé.
Les conséquences à la récolte sont similaires à celles de la brûlure cercosporéenne. Cependant, la maladie atteint très rarement des niveaux où elle est responsable de pertes économiques.
Conditions d’infection
Le champignon hiverne sous forme de conidies ou de mycélium. Il survit sur les téguments de la semence ou à l’intérieur de celle-ci ainsi que sur les déchets de récoltes infectés. La maladie est propagée par le vent, les eaux d’écoulement, la pluie et les objets en mouvement.
L’infection nécessite un certain laps de temps pendant lequel le feuillage doit être humide ou mouillé. La longueur de la période de mouillure nécessaire à l’infection varie selon la température. Les températures optimales de développement étant plus fraîches pour la brûlure alternarienne que pour la brûlure cercosporéenne, cette maladie va donc apparaître plus tardivement dans les champs. Elle est habituellement observée au mois de septembre.
Zones à risques
Les spores sont disséminées par le vent, la pluie et les objets en mouvement. La maladie est donc répartie assez uniformément dans le champ. Cependant, certains champs ou portions de champs sont plus souvent affectés. Ainsi, les conditions qui favorisent une augmentation du taux d’humidité relative ou le maintien d’un taux d’humidité relative élevé sur une longue période stimulent le développement du champignon.
Il faudra donc surveiller plus attentivement :
– les endroits abrités du vent;
– les zones où les mauvaises herbes sont abondantes;
– les champs dont le feuillage des carottes est plus développé.
Méthodes de lutte
Les fongicides utilisés pour contrôler la brûlure cercosporéenne entravent aussi le développement de la brûlure alternarienne.
On peut diminuer les risques associés à la brûlure alternarienne par différentes pratiques culturales telles que:
– une rotation des cultures;
– des semis uniformes;
– un contrôle des mauvaises herbes;
– une augmentation de l’espacement entre les rangs.
La majorité des cultivars utilisés aujourd’hui sont résistants ou du moins tolérants à la brûlure alternarienne. Cette caractéristique, combinée au fait que les pulvérisations fongicides effectuées pour le contrôle de la brûlure cercosporéenne débutent tôt en saison, peut expliquer pourquoi la brûlure alternarienne est peu présente dans les champs.
Brûlure cercosporéenne de la carotte
Nom latin : Cercospora carotae (Pass.) Kazn. & Siemaszko
Nom anglais : Carrot leaf blight
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Importance
La brûlure cercosporéenne est présente dans tous les champs.
Description des dommages
Le champignon s’attaque aux feuilles, aux pétioles, aux tiges et aux parties florales des carottes. Il n’affecte pas les racines.
Les lésions apparaissent d’abord sur le pourtour des feuilles. Elles se présentent sous la forme de petites taches rondes. Le centre des taches est nécrosé et entouré d’un halo jaunâtre au contour diffus. Leur couleur varie de brun clair ou gris à brun foncé presque noir. À mesure que le nombre de taches augmente et que celles-ci grossissent, les folioles se dessèchent et meurent.
Sur les pétioles, les taches sont elliptiques. Elles sont brun clair à brun avec une plage plus pâle au centre.
La brûlure cercosporéenne cause des taches sur le feuillage des carottes ce qui diminue l’activité photosynthétique. Elle va donc diminuer le rendement de la culture. Cependant, les principales pertes sont observées à la récolte.
La machinerie doit tirer les carottes hors du sol à l’aide de leur feuillage. Lors d’une infestation grave, le feuillage devient trop affecté et les tiges cèdent. Ces pertes sont supérieures à celles causées par la diminution de la photosynthèse.
Conditions d’infection
Le champignon hiverne sous forme de mycélium. Il survit sur les téguments de la semence ou à l’intérieur de celle-ci ainsi que sur les déchets de récoltes infectés. La source initiale d’inoculum provient des conidies formées par ce mycélium. Par la suite, la maladie est disséminée à partir des spores produites sur les plants affectés.
Le développement de la maladie est favorisé par un temps chaud et humide. La température optimale se situe à 24-26 °C. La présence d’humidité sur le feuillage favorise la sporulation et l’infection par les spores. Le temps nécessaire pour que ces deux phénomènes se produisent est fonction de la température.
La maladie se manifeste principalement de la mi-juillet à la mi-septembre. Cependant, elle peut apparaître en juin si les conditions climatiques favorisent son développement.
Zones à risques
Les spores sont disséminées par le vent, la pluie et les objets en mouvement. La maladie est donc répartie assez uniformément dans le champ. Cependant, certains champs ou portions de champs sont plus souvent affectés. Ainsi, les conditions qui favorisent une augmentation du taux d’humidité relative ou le maintien d’un taux d’humidité relative élevé sur une longue période stimulent le développement du champignon.
Il faudra donc surveiller plus attentivement :
– les endroits abrités du vent;
– les zones où les mauvaises herbes sont abondantes;
– les champs dont le feuillage des carottes est plus développé.
Méthodes de lutte
La méthode de lutte la plus efficace demeure l’application de fongicides. Les pulvérisations commencent dès que la couverture du sol par le feuillage prend de l’importance, soit au stade “rang à demi fermé”. Par la suite, elles sont répétées à intervalles plus ou moins longs en fonction des conditions météorologiques. Les intervalles sont courts lorsque les conditions sont propices au développement de la maladie.
On peut diminuer les risques associés à la brûlure cercosporéenne par divers moyens tels que:
– une rotation des cultures;
– des semis uniformes et pas trop denses;
– un bon contrôle des mauvaises herbes;
– une augmentation de l’espacement entre les rangs.
Fendillement horizontal
Nom latin : Pythium
Nom anglais : Carrot cavity spot
Lésions horizontales sur la carotte |
Importance
Au Québec, le fendillement horizontal a longtemps été un ravageur secondaire. Les pertes qui lui sont attribuées sont très variables d’une saison à l’autre mais sporadiquement, des producteurs subissent des pertes importantes dans certains champs. Toutefois, depuis quelques années, grâce à la biologie moléculaire, des lésions observées sur les racines, et généralement attribuées au pythium, ont été associées à d’autres pathogènes telle la rhizoctonie. Des travaux sont toujours en cours au PRISME pour caractériser les agents pathogènes responsables et mieux différencier les symptômes.
Description des dommages
Le fendillement horizontal affecte les racines des carottes. Il forme une petite cavité sous l’épiderme de la racine. Au début, cette cavité est recouverte par l’épiderme; elle est invisible. Par la suite, l’épiderme se brise et laisse paraître la cavité.
L’ouverture de la cavité est généralement plus petite que la cavité elle-même. La profondeur des cavités peut atteindre 0,5 cm alors que leur diamètre est habituellement inférieur à trois cm. Lorsque les cavités sont petites, moins d’un cm, elles ont une forme ovale. Les lésions plus grosses ont des formes irrégulières au contour mal défini.
Les lésions ne sont pas distribuées de façon particulière sur la racine. Cependant, elles sont habituellement plus nombreuses sur la partie supérieure. Certaines racines peuvent être très affectées alors que celles à proximité ont peu ou pas de lésions.
Les champignons responsables du fendillement horizontal peuvent affecter les carottes à n’importe quel stade de son développement. En début de croissance, ils vont causer des fontes de semis. Par la suite, ils vont affecter plus ou moins sévèrement le taux de croissance selon le niveau d’infestation.
Conditions d’infection
On possède peu de connaissance sur cette maladie. Le ou les organismes responsables n’ont pas été identifiés avec certitude. Des études récentes soupçonnent différentes espèces de Pythium. L’espèce la plus agressive serait Pythium violae.
Le fendillement horizontal est observé suite à des périodes où le sol a été engorgé d’eau. D’autres facteurs tels que le pH, la nutrition minérale et les variétés influenceraient le niveau des infestations.
Dispersion
Généralement, les dommages sont regroupés. Les zones affectées sont plus ou moins grandes. Elles correspondent souvent à des baissières où l’eau s’élimine plus lentement.
Méthodes de lutte
Il n’y a pas de méthode de lutte chimique qui soit efficace et applicable pour le moment. Les seules méthodes de contrôle sont en fait des méthodes de prévention. Elles reposent sur une bonne gestion des cultures: la rotation des cultures, un bon système de drainage, un pH et une fertilisation adéquats.
Caractéristiques des insectes et nématodes ravageurs de la carotte | |||
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Insectes | Période de présence de la génération dommageable | Stade dépisté | Zones à risques |
Charançon de la carotte | mai-juillet | adulte | – près des fossés – présence de résidus de cultures dans les champs – proximité de déchets de carottes – champs affectés les années précédentes |
Mouche de la carotte | fin août à début octobre | adulte | – champs affectés les années précédentes – proximité de plantes de la famille des ombellifères – zones abritées du vent |
Nématode des nodosités | juin-juillet | nodosités | – champs avec dommages les années précédentes |
Caractéristiques des maladies des carottes | |||
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Maladies | Période d’apparition des symptômes | Dommages observés | Zones à risques |
Brûlure cercosporéenne | mi-juillet | centre des taches: brun clair ou gris à brun foncé; halo jaunâtre | – endroits abrités du vent – présence de mauvaises herbes abondantes – champs dont le feuillage est très développé |
Brûlure alternarienne | septembre | Principalement les vieilles feuilles; taches brun sombre à noir, auréolées de jaune | – champs affectés les années précédentes – proximité de plantes de la famille des ombellifères – zones abritées du vent |
Fendillement horizontal | toute la saison | Généralement sur la partie supérieure de la carotte; présence d’une cavité dont l’ouverture est plus petite que la cavité elle-même; profondeur de la cavité environ de 0,5 mm | – zones gorgées d’eau – champs ou portions de champs avec un pH inadéquat ou une fertilisation déficiente – champs affectés les années précédentes |